« La musique, on n’en parle pas, on la joue »*. Nous ne sommes pas musiciens, aussi, nous allons vous en causer, sur une sélection de 20 titres.

Nous débutons par l’hommage aux disparu(e)s, avec le décès du dernier grand arrangeur des années 60 et 70, Jean-Michel Defaye (+ 01/01/2025 à 92 ans), aussi compositeur et chef d’orchestre. ; il a travaillé, harmonisé, pour Juliette Gréco, Maurice André, Isabelle Aubret, Zizi Jeanmaire, Serge Reggiani,…, mais surtout avec Léo Ferré, une douzaine d’années chez Barclay, pour le meilleur avec les trois albums « poètes ». Le texte autobiographique et révolté de Rimbaud accouche d’une fulgurance musicale à l’encontre de sa mère castratrice. Herbert Léonard (+ 02/03/2025 à 80 ans), sympathique gars de l’est, fidèle à son public, nous surprend avec cette collaboration avec Gérard Manset (!) en 1971, pour un disque pop et psychédélique, sans le succès.

Nous avons pioché quelques titres dans les CD récemment désherbés ; un petit au revoir, avant d’être noyés dans l’océan des titres numériques : le lorrain Alex Toucourt, tout en finesse et en douceur, distille sa poésie. Danielle Messia a marqué les années 80, De la main gauche, mais aussi sur des chansons prémonitoires comme Le Paradis de musiciens, elle, qui est partie à 28 ans. Jean-Jacques Goldman, frappé par son talent et sa voix, lui a dédié sa chanson La Famille.

Dans le rayon frais, et circuit court, Terrenoire scrute la beauté du monde via le spectre de leur quotidien, c’est leur second opus. Yoanna promet une immersion minimaliste vers l’intime du mot et de la note. Avec son cinquième album, Ben Mazué explore notre vie familiale, un peu la sienne, et ses problématiques universelles. Le duo Vilain Cœur aborde des thématiques parfois très profondes ou préoccupantes, mais sur une musique plutôt pop et solaire, ici l’écologie et l’errance d’un bout de plastique, sur terre et mer. La Fièvre humaine de Zaza Fournier, ou « comment faire avec l’infiniment grand de l’absurdité du monde dans l’infiniment petit de nos vies ? ». A quatre mains et deux voix, sur la réédition augmentée de sa Symphonie des éclairs, Zaho de Sagazan partage Old Friends avec son idole, l’anglais Tom Odell, une vraie déclaration d’amitié. Et avant Zaho, il y eut Olivier

Pour La Petite Série, célébrons les 150 ans de la naissance de Maurice Ravel, en 1875, avec quatre approches de son célèbre boléro : électrique et cuivrée pour Frank Zappa, vocale et amoureuse par la béninoise Angélique Kidjo, crépusculaire et orientale par Ryuichi Sakamoto, et décalée, façon cumbia mexicaine par Los Baron de Apocada.

Enfin, pour les esprits curieux à l’oreille fine, nous tendons le micro à la regrettée Maurane, hommage vibrant à Jacques Brel, puis arrive le tendre et nostalgique Lucas Lombard avec des instantanés conçus comme des courts-métrages, des souvenirs sépia. Jean Ferrat, parti il y a quinze ans rend hommage à Brassens, l’homme à la pipe. Cécile McLorin Salvant, chanteuse afro-américaine de jazz, revisite Mistinguett au travers d’une chanson issue d’une opérette de 1926. Samanta, dite Santa, illumine ses réflexions sur le droit à la différence et de s’aimer librement, peu importe ses attirances. Enfin, CharlElie Couture met en scène l’ennui, la mélancolie dans ces années Bukowski, Tchao Pantin, Djian ou Beineix.

Dans un monde de plus en plus focalisé sur le visuel, quelle est la place de l'écoute ? 

Bonne dégustation sonore.

*Entretien avec Mikhaïl Pletnev, pianiste, chef d’orchestre et compositeur russe, pour Classica (n°258, décembre 2023 – janvier 2024)

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