« La musique, on n’en parle pas, on la joue »*. Nous ne sommes pas musiciens, aussi, nous allons vous en causer, sur une sélection de 20 titres.

Nous débutons par l’hommage aux disparus, avec John Mayall (+ 22/07/2024 à 90 ans), tête de file du British Blues Boom des 60’s avec son super groupe The Bluesbreakers, dans notre sélection avec Eric Clapton en 1966, puis sur son premier album solo Blues from Laurel Canyon en 1968. Laurel Canyon est un quartier de Los Angeles où les plus grands rockeurs des 70’s, et nombreux artistes, ont posé leurs valises (chargées de marijuana !). Misia (+27/07/2024) nous a quitté à 69 ans, elle s’attelait à moderniser la tradition du fado portugais, Ai que pena (Dommage). Pedro Soler (+ 03/08/2024 à 86 ans), guitariste habitant de Banyuls-sur-Mer, a joué avec de nombreuses vedettes du flamenco ; on le retrouve avec son fils violoncelliste Gaspar Craus.

Nous avons pioché quelques titres dans les CD récemment désherbés ; un petit au revoir, avant d’être noyés dans l’océan des titres numériques : John Hammond, en 1963, nous livre un des premiers albums de blues par un artiste blanc. Ney Matogrosso, ou l’énergie de l’instinct, artiste et figure majeure du Brésil, chante Rio de Janeiro. Groupe oublié de Nashville des 70’s, Barefoot Jerry a accompagné Eddy Mitchell, avec Charlie McCoy, inamovible harmoniciste de la country.

Dans le rayon frais, et circuit court, Black Pumas fait un retour remarqué avec cette fusion de genres musicaux aux accents psychédéliques. Quelle envolée ! Mama Shakers nous la fait swing avec washboard, banjo et tutti quanti. Laissez-vous guider sur les paysages sonores du duo Hermanos Gutiérrez, ils évoquent l’errance de Paris Texas. Le bruxellois Loverman, voix profonde, se met à nu sur des cordes sensibles. J. Bernardt, songwriter, navigue à travers les méandres d’émotions d’une rupture amoureuse ; indie pop raffinée à faire découvrir.

Pour La Petite Série : Cuivre, swing et soleil, déambulons ensemble dans le Vieux Carré français de La Nouvelle-Orléans au son de Leroy Jones, précoce trompettiste. Le génial duo Willie Nelson / Wynton Marsalis plonge délicieusement dans ce succès des 30’s signé Hank Williams. B.B. King rend un hommage à Louis Jordan, sur un album entier, et avec Caldonia, jump-blues au rythme syncopé à souhait, puis, Eartha Kitt mélange en 1958 sa voix rauque et suave à des cuivres métronomiques.

Enfin, pour les esprits curieux à l’oreille fine, nous tendons le micro à Tom Waits, habitué de nos playlists, halluciné comme son parolier de luxe, le romancier William S. Burroughs. Très bien placé sur l’échelle d’intensité hallucinatoire, le regretté Leon Redbone, chypriote et canadien, qui restera un musicien atypique, pour connaisseurs. D’une extrême qualité émotionnelle, la reprise de Lay Lady Lay par quatre des plus grands jazzmen actuels. Osons, osons, un titre de 16’, un voyage envoûtant et planant du collectif Archive, d’une grande similitude avec les Pink Floyd, hypnotique et majestueux.

Dans un monde de plus en plus focalisé sur le visuel, quelle est la place de l'écoute ? 

Bonne dégustation sonore.

*Entretien avec Mikhaïl Pletnev, pianiste, chef d’orchestre et compositeur russe, pour Classica (n°258, décembre 2023 – janvier 2024).

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